Présentation
Parler de soi s’avère la plupart du temps compliqué, c’est pourquoi nous avons décidé d’échanger nos rôles quelques instants. Je vais décrire Azaël en tant qu’écrivain et il en fera de même pour moi.
Penché sur son parchemin, une lumière de bougie vacillant sur son bureau, le mage Azaël relit le texte qui lui a été rendu. Il suspend quelques secondes sa plume en l’air, et émet un grognement contrarié. Il se lisse la barbe, claque des doigts lorsqu’il trouve le bon ton et voilà que sa plume se dirige avec aisance sur le papier.
Parfois, il se relèvera. Puis il écrira avec souplesse des lignes de corrections pour sublimer le texte. Le mage relira souvent ces quelques lignes, les ressassera pendant plusieurs jours, jusqu’à trouver le bon rythme. Un flux magique qui fédère les mots entre eux afin que leur musique soit harmonieuse.
Un amoureux du sens, de la perfection, qui lui fait corriger tout ce qui passe entre ses mains. D’abord, la grammaire et l’orthographe. Puis, le sens. Finalement, la respiration de l’ensemble. Le mage Azaël insuffle un ordre, donne une cohérence phrase après phrase. Le petit détail, le grain de sable qui dérange, ne saurait résister à sa magie.
Il est ému par la beauté des livres, leur texture, le bruit des pages, leurs couleurs, leur odeur. Ses mains se promènent sur les tranches, cherchant la moindre imperfection avant acquisition. Si le test est passé, il rejoindra la vaste bibliothèque où il sera rangé avec affection. Les livres se sentent rois chez un tel érudit.
Évidemment, lorsque l’on aime l’objet « livre » autant que lui, tout doit être congruent, de l’intérieur à l’extérieur.
C’est avec cette exigence qu’il crée ses propres histoires, les remplissant de personnages hauts en couleur, mais toujours cohérents avec ce qu’ils sont au fond. Souvent des êtres en recherche de liberté, en colère contre quelque chose, mus par des valeurs importantes qui leur confèrent une force inépuisable. Ses créations sont décortiquées jusqu’aux tréfonds, chaque pensée, chaque action d’un personnage est analysée avant de lui donner consistance sur le papier.
Le décor peut être sombre, sanglant et la torture présente, « un simple reflet de notre monde » répondrait l’auteur. Ceux qui ne voudraient pas y être confrontés devraient passer leur chemin, car cela dérange, émeut, bouleverse parfois et réveille en chacun de nous le cri de la rébellion :